Alléger pour la rentrée ?
Les produits allégés sont-ils vraiment nos « amis » pour perdre du poids ou bien pour garder la ligne, l’équipe Miam vous aide à y voir plus clair.
Qu’est-ce qu’un produit allégé ?
Un produit est dit « allégé » en une substance (matières grasses, sucres…) si la teneur en cette substance est diminuée d’au moins 30% par rapport au produit de référence.
Prenons comme exemple celui de la confiture allégée en sucres. Elle contient en moyenne 40g de glucides contre 60g pour une confiture « classique » soit une réduction de 33% de sucres.
Autre exemple : un camembert allégé contient 11%MG sur matière sèche contre 21% pour le produit de référence soit 48% d’allègement.
Mais le fait qu’un produit soit allégé ne signifie pas que le produit contient peu de la substance : il en contient juste moins ! Cela ne signifie pas non plus (et c’est un point non négligeable) que le produit allégé soit moins calorique que le produit de référence !
Il faut savoir que seules les mentions « allégé » et « light » sont soumises à réglementation et impliquent une réduction d’au moins 30% par rapport au produit de référence. Les autres allégations employées, comme « léger » par exemple, ne vous offrent aucune garantie concernant le taux d’allègement minimal.
Tout ça peut paraître bien compliqué… Et les industriels sont très adroits pour jouer sur les mots et en tirer avantage. Au final, il suffit juste de se poser les bonnes questions.
Une des premières questions à se poser devant un produit allégé est : allégé, oui, mais en quoi ? En calories, en matières grasses, en sucres… ? Et oui, cela a son importance et vous allez comprendre pourquoi.
Les produits allégés en sucres :
Un produit est dit allégé en sucres si sa quantité de sucres a été réduite d’au moins 30% par rapport au produit de référence.
Prenons l’exemple des compotes de fruits allégées en sucre. Une compote de fruits allégée en sucres contient en moyenne 14,9% de sucres contre 24,8% pour la compote de référence soit un allègement en sucres de 40%.
Certains produits ont une « faible teneur en sucres » et contiennent moins de 5 g pour 100g ou moins de 2,5g de sucres pour 100mL dans le cas des boissons.
Dans le cas des produits sucrés, il existe aussi la mention « sans sucres ajoutés » qui signifie qu’aucun sucre n’a été rajouté à la préparation. Ainsi, dans le cas des compotes sans sucre ajoutés, le sucre contenu dans ces aliments provient uniquement des fruits.
Il existe enfin des produits dits « sans sucres » : ils ne doivent pas contenir plus de 0,5g de sucre pour 100g ou 100mL. Donc ils peuvent quand même en contenir un peu !
Mais, techniquement, comment obtenir un produit « allégé en sucres » ou « à teneur réduite en sucres » ?
Pour cela, il existe 2 méthodes :
-
La diminution de la quantité globale de sucres dans la recette.
-
Le remplacement d’une partie ou de la totalité du sucre ajouté par des édulcorants.
On peut ainsi trouver dans les rayons des supermarchés des bonbons allégés, des sodas allégés, des confitures allégés et même du chocolat allégé !
Remarque : Il est à noter qu’en plus de l’obtention d’un goût notablement moins sucré, cet allègement peut avoir aussi un impact sur la durée diminuée de conservation des produits (confiture par exemple).
Mais les édulcorants étant très légers, pour obtenir le même poids pour un produit allégé, les industriels rajoutent d’autres ingrédients. Par exemple, les sodas « light » contiennent tout simplement plus d’eau mais coûtent souvent plus cher !
Et, tout ceci a un coût et c’est votre porte-monnaie qui se retrouve au régime !
Les édulcorants :
Difficile de parler produits « light » sans évoquer les édulcorants.
Il existe 2 grands types d’édulcorants :
-
Les édulcorants intenses ou de synthèse dont le pouvoir sucrant est tellement élevé qu’une dose minime suffit pour remplacer la saveur sucrée d’un produit.
Exemple : saccharine, aspartame, sucralose, acésulfame de potassium…
Parmi ces édulcorants, nous retrouvons les glycosides de stéviol dont la commercialisation a été autorisée en 2011.
La stévia rebaudiana est une plante qui a naturellement un pouvoir sucrant. Elle est interdite à la commercialisation sous cette forme en tant que denrée alimentaire en Europe. Par contre, ses dérivés le sont comme édulcorant depuis 2011.
Bien qu’extraite d’une plante, ces composés sont tellement raffinés qu’ils n’ont plus grand-chose de naturel. Nous manquons encore de recul pour voir les effets sur l’organisme de ces édulcorants issus de la stévia.
Il faut rappeler qu’au départ, l’utilisation et la commercialisation d’édulcorants était motivée par des intérêts médicaux : limiter la prise calorique sans se défaire du plaisir sucré pour les patients obèses ou en surpoids et limiter ainsi l’épidémie mondiale de l’obésité, permettre aux patients diabétiques de continuer à profiter de la saveur sucrée…
-
Les édulcorants de charge ou sucres alcool : ils ont un pouvoir sucrant un peu moins important que celui du saccharose (ou sucre de table), mais comme ils sont malabsorbés lors de la digestion, ils sont moins caloriques (2,5 kcal pour 1g d’édulcorant de charge contre 4 kcal pour 1g de sucre). Ce phénomène de malabsorption fait qu’ils peuvent entraîner des diarrhées et ballonnements si consommés en excès. Ils sont souvent utilisés dans les bonbons et les chewing-gums “sans sucres » car ils ne provoquent pas de caries et apportent une sensation de fraîcheur en bouche.
Cependant, aujourd’hui, ces substances sont régulièrement montrées du doigt. Elles seraient par exemple potentiellement cancérigènes, notamment les édulcorants intenses.
Quel est le véritable impact des édulcorants sur notre organisme ?
Les édulcorants ont un goût sucré et n’apportent pas ou peu d’énergie. Quelle merveilleuse invention, me direz-vous ! Malheureusement, tout n’est pas aussi rose… Car il y a un revers à la médaille.
En effet, depuis de nombreuses années, des études toxicologiques ont été menées afin de voir les dangers potentiels d’une consommation régulière d’édulcorants notamment sur le risque de cancers. Pour l’instant, rien n’a été démontré mais certains restent sceptiques et demandent plus d’études.
Ce que l’on sait cependant, c’est que l’augmentation de la consommation de produits « light » n’a pas enrayé l’expansion de l’épidémie d’obésité aux Etats-Unis. (Yang, 2010)
Les chercheurs ont également montré par des IRM fonctionnelles que les zones cérébrales activées sont différentes après consommation d’édulcorant ou après consommation de sucre. (Smeets PA, 2005)
Les effets sur la satiété sont également différents : tout se passe comme si le cerveau s’adaptait et ne se laissait pas berné par les édulcorants : il répond en augmentant la quantité à consommer pour arriver à satiété. (Blundell J, 2010)
D’autre part, la consommation régulière de ce type de produits modifie la composition de la flore intestinale. Ceci a pour effet d’augmenter l’absorption intestinale de glucose : l’organisme devient plus efficace à digérer le sucre provenant des autres aliments ! (Suez J, 2014)
Le prix est finalement cher à payer pour économiser quelques calories, non ?
Les allégés en matières grasses :
De la même façon que l’on trouve des produits allégés en sucres, il existe aussi des aliments allégés en matières grasses. Pour être dits « allégés » ou « light », il faut également que la teneur en matières grasses soit réduite d’au moins 30% .
Un produit peut-être dit « sans matière grasse » s’il contient moins de 0,5g de lipides pour 100g ou 100mL.
Le beurre est le meilleur exemple de produit que les industriels ont décliné en version allégée. Ainsi, le beurre traditionnel contient 82% de matières grasses et le beurre allégé entre 39 et 41%. Si la teneur en matière grasse descend en-dessous de 39%, il ne s’agit plus de beurre : la loi interdit aux industriels de marquer le mot « beurre » sur le produit !
Concernant la matière grasse, il existe ainsi de la crème allégée, des yaourts allégés, des margarines allégées…
Quelles techniques utilisent les industriels pour alléger en matières grasses tout en gardant saveur, tenue et onctuosité à leurs produits ?
Ils peuvent remplacer une partie ou la totalité de la matière grasse par d’autres ingrédients dont le but sera surtout de permettre une meilleure tenue du produit fini. Ainsi, nous pouvons lire sur les étiquettes de ces produits allégés : des amidons, des fibres, des gélifiants…
Il existe aussi une technique appelée foisonnement qui permet d’incorporer de l’air ou de l’eau dans ces produits pour en modifier leur texture.
C’est cher payer pour du vent (ou de l’eau) !
De la même façon que les allégés en sucres, ces produits bernent notre cerveau. Mais celui-ci ne se fait pas avoir longtemps ! Et pour arriver à avoir la même satisfaction gustative, votre corps vous en réclamera toujours plus ! Et comment pourrez-vous résister puisqu’il n’y a soi-disant AUCUNE conséquence vu qu’ils comptent pour ZERO ?
Le marketing : de l’importance d’apprendre à déchiffrer les emballages
Les industriels et notamment leur service marketing rivalisent d’ingéniosité pour vous vendre ces produits et pour vous les vendre plus cher !
En vantant leurs bienfaits, en vous vendant le rêve de la minceur, ils vous poussent à l’achat. Rien n’est laissé de côté : la couleur des emballages, la photo mettant en scène l’aliment, la taille des lettres de certains mots…
Devenez des consommateurs acteurs de vos choix : apprenez à déchiffrer les étiquettes !
Quelques conseils simples :
-
Préférez les produits avec des listes d’ingrédients courtes et encore mieux, les produits bruts !
-
Les ingrédients sont inscrits dans l’ordre décroissant de quantité utilisée : si le 1er ingrédient est de l’eau, c’est que votre produit contient majoritairement de l’eau !
-
Regardez le tableau de composition nutritionnelle : il est à présent obligatoire et met en avant la quantité de sucres et de matières grasses notamment les acides gras saturés.
-
Regardez le Nutri-Score, nouveau logo qui pourra vous aider dans vos choix ou bien utilisez des applications comme Yuka. Mais que cela ne vous empêche pas de regarder le tableau de composition nutritionnelle qui est vraiment l’information la plus fiable.
Remarque : Si lire les étiquettes peut sembler contraignant au début, on apprend vite à repérer les informations essentielles.
Conclusion
Rien ne vaut les aliments les plus simples ! Dégustez un bon beurre, profitez d’un vrai carré de chocolat… Faites vous plaisir avec des aliments vrais ! Il vaut finalement mieux manger une bonne tartine de pain beurré que deux tartines au beurre allégé.
Gardez à l’esprit que les produits allégés sont des produits marketing qui ne sont pas sans effet sur l’organisme.
Et si vous continuez malgré tout à acheter ce type de produits, faites le de manière éclairée, en lisant les étiquettes pour savoir vraiment ce que vous mangez.
Article rédigé par Alexandra Mériaux, diététicienne – nutritionniste et membre Miam de l’Aude (11).
Site web : alexmeriauxdieteticienne.com
Bibliographie
Blundell J, d. G. (2010). Appetite control: methodological aspects of the evaluation of foods. Obes Rev .
Smeets PA, d. G. (2005). Functional magnetic resonance imaging of human hypothalamic responses to sweet taste and calories. Am J Clin Nutr .
Suez J, K. T.-S.-G. (2014). Artificial sweeteners induce glucose intolerance by altering the gut microbiota. Nature .
Yang, Q. (2010). Gain weight by “going diet?” Artificial sweeteners and the neurobiology of sugar cravings: Neuroscience 2010. Yale J Biol Med .