Les fibres et les MICI
En France, 250 000 personnes sont concernées par les MICI.
20 personnes sont diagnostiquées chaque jour, et la plupart sont très jeunes, entre 15 et 25 ans (20%).
L’équipe Miam s’est penchée sur le sujet des MICI pour vous donner les informations nécessaires pour vous accompagner ou pour soutenir vos proches qui sont atteints d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin.
Commençons par définir les MICI.
Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI)
Il existe deux types de MICI : la maladie de Crohn et la Rectocolite Hémorragique (RCH).
Comment les distingue-t-on ?
Burill B. Crohn a donné son nom, dans les années 1930, à cette maladie qui peut toucher l’ensemble ou une partie du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus. Les inflammations se situent essentiellement sur le côlon (gros intestin) et/ou sur la partie terminale de l’intestin grêle (iléon).
La RCH, elle, se concentre au niveau du côlon et du rectum (poche reliant le côlon à l’anus).
Pourquoi les regrouper sous le nom de MICI ?
Ces maladies se manifestent par des lésions et des ulcérations du tube digestif et évoluent par une alternance de crises, appelées « poussées » dont la durée est indéterminée et de phases de rémission.
Les malades décrivent de violentes douleurs abdominales, très aigües et souvent accompagnées de diarrhées dîtes « impérieuses ». Celles-ci sont définies comme très urgentes et très fréquentes, voire sanglantes et accompagnées de glaires (1). Rien à voir avec une mauvaise gastro !
Les complications qui découlent de ces crises sont principalement des pertes de poids, des pertes d’appétit, une immense fatigue et surtout un épuisement général.
Essayez d’imaginer leur quotidien que ce soit dans le cadre de la vie familiale, sociale, scolaire, professionnelle et vous comprendrez le besoin qu’ils ont d’être soutenus.
Est ce nouveau comme maladie ?
Ces maladies se sont développées au cours du siècle dernier et principalement dans les pays développés.
Même si les causes sont encore inconnues de nos jours, les spécialistes ont émis plusieurs pistes : prédisposition génétique, facteurs environnementaux (tabac, alcool, stress, …), hygiène « excessive » durant la petite enfance, alimentation « moderne » pauvre en fibres, riche en sucres raffinés et en graisses, une dysbiose (déséquilibre du microbiote),…(2)
Des traitements existent et permettent de « soulager » certains malades mais peuvent aussi entraîner des effets secondaires.
Ils ne sont pas efficaces chez tous les malades, ils n’évitent pas les poussées.
Malheureusement, on n’en guérit pas encore…
Quelle alimentation pour les malades atteints de MICI ?
Les personnes atteintes de MICI ont un rapport particulier avec l’alimentation.
« J’ai peur de manger car j’ai peur d’avoir mal » sont des mots qui reviennent souvent chez les personnes atteintes de MICI.
En effet, les zones ulcérées du tube digestif sont très sensibles et les malades ont donc souvent l’appréhension de manger.
Cependant, les MICI ne sont pas des « maladies de l’Alimentation » : manger n’aggrave pas la maladie.
Une alimentation spécifique peut être recommandée : l’objectif est de limiter les symptômes de diarrhées ou de constipation mais aussi les ballonnements ou les vomissements.
Lors des poussées sévères et lorsque les symptômes digestifs le nécessitent, le médecin peut conseiller une alimentation pauvre en résidus et/ou en fibres (céréales complètes, fruits et légumes) et éventuellement réduire les graisses cuites.
En dehors des crises, c’est comme tout le monde : une alimentation variée et équilibrée est recommandée !
Mais attention pas trop vite quand même : chaque aliment doit être réintroduit petit à petit…
Il est important de revenir à une alimentation variée et équilibrée pour reprendre des forces grâce aux sept groupes d’aliments : féculents, produits laitiers, protéines, matières grasses, l’eau, un peu de sucre pour le plaisir et les Fruits et Légumes bien sûr !
L’organisme peut être carencé, il faut donc le « réarmer » pour la prochaine épreuve.
Enfin n’oublions pas que le plaisir à manger est tout aussi important !
Pour comprendre les MICI, il nous faut évoquer le Microbiote.
Le microbiote DANS les MICI
Vous avez surement entendu parler du microbiote ? Les articles se multiplient à son sujet, surtout depuis la parution du best-seller d’une jeune docteur allemand sur « le charme discret de l’intestin ».
Avec l’apparition de nouvelles technologies, des études plus poussées ont été réalisées. L’étude des « gènes » de notre microbiote ne fait que débuter. (3)
Le microbiote intestinal appelé « flore intestinale », est très important et très complexe : il regroupe plusieurs centaines de microorganismes jusqu’à dix fois plus nombreux que les cellules de notre corps ! (3)
Ce microbiote est aussi très varié : il rassemble des bactéries, des champignons, des virus tout le long du tube digestif, surtout au niveau du côlon.
Ce « monde microbien » cohabite en harmonie. On parle de symbiose.
On le considère comme un « organe » à part entière, jouant un rôle dans la digestion, la protection immunitaire, l’activité métabolique et neurologique. (4)
Son équilibre et sa composition sont des acteurs importants dans l’action des défenses naturelles contre les infections.
Les travaux de l’équipe de Dr Harry Sokol ont mis en évidence le rôle du microbiote fongique dans le développement et la sévérité des MICI.
En effet, l’équilibre et la composition de ce microbiote fluctue, s’appauvrit chez ces personnes atteintes de MICI.
D’autres chercheurs mentionnent également les facteurs dits « environnementaux » (tabac, alcool, mode de vie moderne) pouvant influencer le microbiote.
On parle de « dysbiose » pour décrire le déséquilibre de celui-ci, qui se traduit par une sur-représentation des bactéries pro-inflammatoires par rapport à celles anti-inflammatoires. (5)
Enfin, une réaction immunitaire excessive serait en lien à des anomalies du microbiote chez des personnes disposées génétiquement : les bactéries, moins présentes, ne peuvent plus protéger correctement la paroi intestinale.
Par conséquent, de nombreux agents pathogènes pénètrent l’organisme ce qui déclenche une réaction inflammatoire amplifiée. Cette dysbiose se retrouve souvent avant une poussée. (7)
Vous vous demandez encore pourquoi nous voulions vous parler des fibres pour les MICI, alors continuons.
Les fibres et le Microbiote
Chez des personnes en bonne santé, actives, le microbiote est diversifié, stable avec de nombreuses bactéries.
Vous vous demandez comment le maintenir stable ?
Il s’agit simplement de consommer quotidiennement des fibres
Dans le cadre des MICI, le microbiote s’appauvrit à certains moments. Il est donc important d’en apporter quotidiennement.
Petit rappel : nos bactéries se nourrissent de fibres.
Les micro-organismes du microbiote dégradent notamment les fibres alimentaires, ils envoient des signaux aux cellules de notre corps comme le foie et le tissu adipeux afin d’obtenir un bon équilibre d’où un meilleur fonctionnement du système digestif.
A leurs arrivées dans le côlon, les fibres commencent à être digérées : il se produit une fermentation sous l’action des bactéries intestinales qui produiront des acides gras à chaine courte, véritable énergie pour les cellules du côlon.
Si l’activité du microbiote est diminuée, comme c’est le cas pour les MICI, les bactéries vont se nourrir de notre mucus (barrière isolante de l’intestin) et ainsi compromettre nos défenses naturelles.
D’où, l’importance de manger des fibres afin d’ « alimenter » votre microbiote. (6)
Les fibres permettent aussi de diminuer la constipation, état que peuvent rencontrer certains malades de MICI.
Depuis 2015, des résultats (1) remettent en question le régime sans résidu et/ou fibre des personnes en poussée ou en rémission.
En effet, les remissions (absence de poussées) seraient plus importantes (92 % à 2 ans) pour les personnes consommant plus de 30 g par jour.
Rappelons que les recommandations pour la population générale sont de 25 g par jour (lire ici l’article de Mathilde pour tout savoir sur les fibres)..
Malade de MICI, écoutez-vous !
Choisissez une alimentation la plus variée possible qui corresponde à vos goûts et à vos tolérances. L’alimentation doit rester un plaisir.
Certains aliments bannis depuis très longtemps pourront être à nouveau testés, tout en douceur.
Demandez conseil soit auprès de la permanence diététique du mardi de l’afa, soit sur le site de l’afa ou soit auprès d’un professionnel de santé.
Et n’oubliez pas, qu’avec 150 à 200 g de légumes verts crus ou cuits, des fruits et des céréales par repas, vous vous rapprocherez vers les recommandations en apport Fibres !
L’afa accompagne les malades de MICI et leurs proches..
L’afa Crohn RCH France est la seule association nationale reconnue d’utilité publique qui lutte contre la maladie de Crohn et la RCH regroupées sous le nom de MICI.
Elle œuvre depuis 35 ans et regroupe 25 000 sympathisants, 7 990 membres et 270 bénévoles dans toute la France !
Ses principales missions sont :
- Le soutien à la recherche
- L’information des malades et de leurs proches
- L’accompagnement des malades et de leurs proches
Retrouvez sur son site internet (www.afa.asso.fr), les actualités de l’association, les prochains événements, des informations sur la recherche ainsi que les l’ensemble des projets (« montrons ce que nous avons dans le ventre »), des conseils nutritionnels, l’application afaMICI qui permet notamment la géolocalisation des toilettes, des forums, l’agenda par régions…
Des rencontres conviviales sont organisées dans toutes les régions et toute l’année par nos bénévoles (MICI discuss et MICI Kawa).
L’afa met à votre disposition tous les jours la ligne MICI infos service, une permanence sociale (lundi), une permanence diététique (mardi), des conseils pour la vie professionnelle, un médiateur juridique.
En 2017, l’afa vient de lancer la nouvelle plateforme d’accompagnement en ligne MICI Connect.
Vous y trouverez des informations, des conseils et des outils afin de vous accompagner dans votre quotidien. Les contenus ont été élaborés par des patients et des professionnels de santé.
Que vous soyez malade, proche ou professionnel de santé, n’hésitez pas et inscrivez vous !
Article rédigé par Géraldine Boussès, diététicienne, membre de l’Association Miam et membre de l’afa
Notes et références :
- www.afa.asso.fr
- Microbiote la révolution intestinale. INRA SIA 2017
- Microbiote : des bactéries qui nous veulent du bien CNRS journal
- Microbiote intestinal : un organe vital à découvrir CREGG 5/11/2015
- Des études sur le microbiote intestinal permettent de mieux comprendre les MICI GMFH Editing Team 11/11/2015
- Impératif : Nourrissez correctement vos bactéries intestinales.Le Point.25/11/2016
- MICI : l’analyse du microbiote pourrait prédire l’évolution de la maladie.V. Richeux 04/2013