Mangez coloré !

Manger, cela passe avant tout par les sens ! L’écoute de son corps, de ses envies sensorielles permet une reconnexion au corps et à ce qui est nécessaire pour soi, dans l’objectif de mieux se connaître.

L’équipe Miam vous propose de bien regarder votre assiette… !

La digestion se prépare tôt !

Lorsque nous envisageons de préparer le repas, tout un processus biochimique et nerveux agit sans que nous en ayons conscience. Il s’agit de la phase céphalique, commandée par notre cerveau. La vue, l’odeur, le goût ou même l’idée de la nourriture stimulent le système nerveux central, pour déclencher la sécrétion des hormones et des sucs indispensables à la digestion. Et ce, même si aucune nourriture n’est présente.

La première étape de la digestion se situe au niveau de la bouche grâce à l’action mécanique des dents et à celle chimique de l’amylase salivaire contenue dans la salive. Jusqu’à l’intestin grêle, les aliments sont hydrolysés (coupés) en petites molécules de plus en plus fines qui agissent (avec la distension de la paroi digestive) comme stimulants pour augmenter les sécrétions digestives.

Focus sur la vue !

La vue est un des cinq sens qui nous permet de comprendre, d’analyser et d’étudier ce qui nous entoure. Comme les autres sens, la perception visuelle nous aide à reconnaître notre environnement et à agir sur lui.

La vue permet d’identifier un plat. Selon les informations visuelles envoyées qu’il reçoit, le cerveau imagine des goûts, des saveurs en lien avec ses précédentes expériences culinaires. C’est ainsi que la vue donne plus ou moins envie de manger le plat présenté. Une préparation culinaire appétissante va participer au plaisir alimentaire en activant les circuits nerveux de la récompense (du plaisir).

Mais il s’agit également d’un système de défense : lorsque nous mangeons, nous réagissons aux couleurs, à l’aspect des aliments pour nous protéger de ceux qui pourraient être toxiques ou dangereux pour nous (exemple : la couleur de la viande avariée).

La vue agit avec nos autres sens pour que nous décidions quoi manger.

La sensation de satiété guidée par la vue !

Notre sens visuel nous informe sur la quantité de nourriture ingérée. La perception de cette quantité par notre cerveau participe au phénomène de rassasiement. C’est ainsi qu’il est très important de prendre son repas en pleine conscience, c’est-à-dire en étant pleinement concentré sur sa prise alimentaire, sans éléments perturbateurs (écrans, magazines, conflits…).

De la même manière, nous pouvons tromper notre cerveau ! Faites l’expérience ! Pour une même quantité d’aliments, la sensation de rassasiement arrivera plus vite si on consomme ces aliments dans une petite assiette que dans une grande.

Un peu de couleur dans l’assiette : pour le plaisir !

Avez-vous déjà testé un repas « à l’aveugle », c’est-à-dire les yeux bandés ? Même si dans ce cas, fort heureusement, les autres sens prennent le pas, il s’agit néanmoins d’un moment de crainte face au fait de ne pas voir ce que nous allons porter à notre bouche.

Si on sait que les personnes privées du sens de la vue (les personnes aveugles) ou qui ont une diminution d’acuité visuelle en cas de pathologie (les personnes malvoyantes), vont utiliser d’autres sens pour avoir du plaisir à manger, il n’en demeure pas moins que ce que l’on voit participe au plaisir de ce que l’on va manger.

De plus, certaines personnes peuvent souffrir de dépression lorsqu’elles ne peuvent pas manger certains aliments. Par exemple, une personne atteinte de fructosémie (c’est une maladie qui empêche de digérer le fructose des aliments qui devient toxique à haute dose) ne pourra pas manger de fruits ni certains légumes riches en fructose (les légumes rouges). Les seuls légumes autorisés sont les légumes verts, ce qui implique donc une alimentation monochrome (à base de vert). La « dépression de l’assiette verte » est un problème fréquemment rencontré pour ces personnes, ce qui prouve que l’absence de variété des couleurs joue un rôle sur la diminution du plaisir alimentaire.

Au contraire, dans les pays orientaux, où l’on mange un plat unique en guise de repas principal, l’accent est mis sur la présentation, l’harmonie des couleurs, avec un recours aux épices pour la saveur mais aussi pour l’aspect visuel.

Et que dire des chefs des grands restaurants qui créent de véritables œuvres d’arts, tant gustatives que visuelles ? La présentation fait d’ailleurs partie des critères d’évaluation des grands concours culinaires, au même titre que la saveur et la technicité employée pour réaliser les plats.

Tout cela concorde au fait que la vue détermine le plaisir que l’on a à manger. Sans plaisir visuel, le plaisir alimentaire sera amoindri.

Et vous, quelle importance accordez-vous au visuel ?

Nous vous proposons, afin de déterminer quelle est l’importance de la vue dans votre plaisir de manger, de tester les expériences ci-dessous :

• Manger les yeux bandés pour savoir si le visuel est essentiel pour vous ;

• Vous préparer une assiette « brouillon » qui sera goûtue mais mal présentée, pour déterminer à quel degré est votre plaisir ;

• Vous préparer une assiette « digne d’un chef », afin que votre plaisir visuel soit maximal ;

• Jouer sur les couleurs : quelle couleur vous donne envie, quelle autre vous rebute, quelle(s) association(s) de couleurs stimule(nt) le plus votre appétence ?

Être curieux de ce que nous procure comme sensations l’acte de manger, nous permet de nous nourrir dans le vrai : j’écoute mes sens, j’écoute mes envies et mon plaisir, donc je nourris mieux mon corps et mon esprit est en accord avec ce que je lui propose.

On trouve l’équilibre alimentaire grâce à nos sensations physiques, qui diminuent l’impact des émotions et des pensées vis-à-vis de ce que nous mangeons.

C’est cela la « pleine conscience », et c’est ce qui peut nous guider vers un objectif important : être heureux face à son assiette.

Pour avoir du plaisir visuel dans votre assiette, c’est à vous de jouer ! Soyez créatifs, osez régaler vos yeux pour ravir vos papilles !

Article rédigé par Carine Makich et Emilie Leconte, diététiciennes-nutritionnistes Miam.